COMMENT LA CHASSE AUX SORCIÈRES A IMPACTÉ L’EXPRESSION CHARNELLE, SENSUELLE ET SEXUELLE DE LA FEMME

Notre histoire, notre culture, l’environnement dans lequel on évolue et on grandit, notre histoire personnelle ont un impact majeur sur la manière dont on va vivre notre sexualité.

Aujourd’hui j’ai envie de faire un “focus” sur un de ces aspects: le poids de l’histoire des femmes sur les femmes. Il y a quelques années j’ai découvert en détail la période sombre de la chasse aux sorcières. Bien que j’en avais déjà entendu parler vaguement auparavant, j’étais loin d’imaginer ce qu’il s’était réellement passé et l’impact majeur que cet épisode a pu avoir sur l’expression sensuelle et sexuelle des femmes.

Cette chasse aux sorcières a eu lieu en Europe occidentale et en Amérique du Nord, où des personnes accusées de pratiquer la sorcellerie étaient persécutées, jugées et souvent exécutées. Cette chasse aux sorcières a eu lieu principalement entre les XVIe et XVIIIe siècles. On estime généralement que la majorité des personnes exécutées pendant la chasse aux sorcières étaient des femmes. Plus souvent considérées comme plus susceptibles de pratiquer la sorcellerie en raison de leur sexe. Selon les inquisiteurs les femmes étaient plus sujettes que les hommes à la “tentation diabolique” en raison de leur nature charnelle. Ils considéraient que les femmes étaient plus faibles que les hommes sur le plan spirituel, et donc plus enclines à pactiser avec le diable pour satisfaire leurs “désirs terrestres”. Les accusations de sorcellerie étaient souvent basées sur des rumeurs, des superstitions et des préjugés, et les personnes accusées étaient souvent soumises à la torture pour obtenir des aveux. Mais l’un des critères majeur pour savoir si une femme était une sorcière, qui était écrit noir sur blanc dans un ouvrage à des fins de lutte contre la sorcellerie, était sa “charnalité” (de l’anglais “carnality”).

Le carnage du Malleus Maleficarum ou “Le marteau des sorcières”

En effet, dans le manuel "Malleus Maleficarum” écrit par les inquisiteurs Kramer et Sprenger au XVe siècle, il était mentionné que les sorcières avaient des relations sexuelles avec le diable pour obtenir des pouvoirs surnaturels. Ainsi, toute femme jugée trop séduisante, trop sensuelle ou trop libérée sexuellement était considérée comme suspecte et pouvait être accusée de sorcellerie. Le texte du Malleus Maleficarum a encouragé la persécution des femmes sous prétexte de lutte contre la sorcellerie, et les accuse de commettre des actes répréhensibles en raison de leur nature charnelle. Cette vision misogyne des femmes a contribué à justifier leur oppression et leur persécution pendant des siècles.

Cette chasse aux sorcières a eu des implications graves sur la sexualité féminine à travers les âges. Les femmes ont été contraintes de réprimer leur sexualité, de cacher leur désir et leur plaisir, de peur d'être stigmatisées ou persécutées. Cette répression a eu des conséquences sur la manière dont les femmes se percevaient elles-mêmes, leur relation avec leur propre corps et même leur relation avec leur partenaire sexuel.

Aujourd'hui, bien que la chasse aux sorcières soit un phénomène du passé, les stigmates de cette époque perdurent encore. Elle fait partie de notre héritage, de notre histoire. Malgré les apparences, les normes sociales et les attentes envers les femmes en matière de sexualité restent souvent restrictives et culpabilisantes. En tant que femme, nous pouvons nous sentir jugées et critiquées pour notre comportement sexuel, notre nature sensuelle, notre façon de nous habiller ou notre liberté d’expression sur le sujet.

Il est donc important de reconnaître et de déconstruire ces stigmates pour nous permettre d'exprimer notre sexualité de manière libre et épanouie.

Mon experience personnelle avec cette déconstruction

Pour moi le fait de s’autoriser à contacter sa nature sensuelle et sexuelle malgré toutes les injonctions encore présentes dans notre société est une manière de s’émanciper de ces diktats, de cette histoire qui pèse si lourd sur les femmes dans le domaine de la sexualité mais aussi dans tous les domaines de notre vie. Des diktats qui nous enferme, nous limite, nous empêche d’être pleinement nous-même. La sexualité fait partie intégrante de qui l’on est. Elle vient toucher notre intimité profonde, ce qui est caché, inconscient, enfoui au plus profond de notre être. Elle vient mettre en lumière nos conditionnements, nos paradoxes, nos croyances, notre rapport à nos besoins, nos envies, nos désirs et notre plaisir. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt. 

En changeant notre manière d’aborder ce domaine, les transformations qui en résultent ont le potentiel de rayonner dans tous les autres domaines de notre vie, pour reprendre la place qui est la nôtre, chacune à sa manière. En tout cas, c’est ce que j’ai moi-même expérimenté en me réappropriant ce domaine de ma vie par l’expérience directe. Le retour à mon corps, à ma nature charnelle, à la pleine expression de ma sensualité et de ma sexualité. Je ne vous parle pas ici d’un déconditionnement qui passe uniquement par la tête mais d’une émancipation qui passe également par la chaire. Une manière de réinformer directement mes cellules et donc l’histoire qui y était imprégnée. Comment? Par la danse sensuelle, les rituels d’auto-érotisme et de plaisir, la pratique de l’oeuf de Yoni, les pratiques somatiques, la conscience que la sensualité et le plaisir se cultivent dans tous les domaines de ma vie. En m’autorisant à me laisser traverser par mes émotions, par les sensations, par la vie elle-même.

Voici quelques questionnements qui ont émergé pour moi quand j’ai plongé en profondeur dans ce domaine:

  • Est ce que je connais mes besoins, mes désirs et mes envies?

  • Comment je m’autorise à écouter ces besoins et ces désirs?

  • Quelle place j’octroie au plaisir?

  • Comment je pose mes limites et les fait respecter?

  • Comment je m’autorise à être pleinement moi dans toutes mes facettes de femme (l’amante, la mère, la fille, la business woman, etc…)?

  • Est-ce que je communique mes envies, mes désirs, mes besoins sans avoir peur de ne pas convenir et de ne plus être aimée par l’autre?

  • Est-ce que j’ose affirmer ma nature profonde et authentique?

Et cela dans tous les domaines de ma vie…

Pourquoi parler de cet épisode de l’histoire ?

Je trouve cela très intéressant de connaitre notre histoire et l’impact que celle-ci a eu et a encore aujourd’hui. Elle peut nous permettre de comprendre pourquoi parfois même si l’on a envie d’oser, de se lacher, de s‘abandonner dans notre sexualité, il y a des peurs, souvent très inconscientes qui nous empêchent.

Bien évidemment, ceci n’est qu’un des aspects qui peut impacter notre vie sexuelle et il en existe beaucoup d’autres. Par exemple, comment notre sexualité a été accueillie en grandissant? est ce que c’était un sujet tabou? ou un sujet imprégné de honte et de dégout? quels ont été mes premières expériences avec la sexualité? quels messages les femmes avec lesquelles j’ai grandit m’on fait passé sur ce domaine de manière ou indirecte? Comment vivaient-elles leur propre sexualité? Et j’en passe…

Et bien sur il y a l’impact indéniable des médias, des films, du porno, des magazines qui façonnent notre culture.

Pour moi les meilleurs moyens de s’émanciper de ces injonctions sont la connaissance, l’introspection et l’expérience directe.

Aujourd’hui je n’ai plus honte, plus honte d’en parler, de partager sur le sujet, de le vivre pleinement. Plus honte de laisser s’exprimer ma nature sensuelle, érotique et orgasmique. La reconnexion à mon corps, à mon plaisir, à mon énergie sexuelle a été une énorme source d’émancipation, de transformation et de prise en main de mon propre pouvoir dans tous les domaines de ma vie. Je vis à travers ce contact avec ma nature charnelle des expériences magnifiques, libératrices, guérisseuses et extatiques. Pourquoi devrais-je avoir honte de cela?

Et vous? Quel rapport entretenez-vous avec votre nature charnelle?

Merci de m’avoir lu.

Avec le coeur,

Laura


A propos de l’autrice:

Laura Parisio est Thérapeute/Coach de l’intime et la fondatrice d’ALCHIMIES INTIMES™. Animée par une passion profonde pour les domaines de la résilience intime, de l’”embodiment” sensuel et érotique, et de la sexualité holistique. Laura accompagne les femmes depuis de nombreuses années à cheminer vers une intimité vibrante, profonde et connectée.

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